vendredi 2 janvier 2009

Grosse frayeur à bord de Brit Air

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Décidément, il sera dit que le grand sud de cette sixième édition du Vendée Globe ne ferait aucun cadeau aux arrogants navigateurs ayant pris le parti de le défier. Alors que les leaders, avec le passage de la dernière porte des glaces et l’approche imminente du Cap Horn, pouvaient enfin envisager la fin de la galère et le retour à un océan – Atlantique - plus clément et propice à la régate, le Pacifique en a décidé tout autrement. En guise d’adieu et d’ultime passage à niveau, le grand sud va en effet leur offrir une tempête qui s’annonce comme la plus violente depuis le début de la course. Pour Armel Le Cléac’h, toujours 4ème à moins de 650 milles du leader, la prudence reste donc plus que jamais de rigueur. Partisan de cette posture raisonnable depuis l’entrée dans l’Indien, il sait qu’il n’en demeure pas moins, comme tous les concurrents, à la merci d’un irréversible impondérable. Comme la nuit dernière où BRIT AIR a frôlé la correctionnelle dans un départ à l’abattée dans des conditions pourtant correctes… Cet avertissement sans frais a sonné aux oreilles du benjamin de la course comme un signal d’alarme. Le mode « sécurité » est enclenché, il va falloir faire le dos rond et tenir. C’est à ce prix que le Cap Horn s’offrira alors dans quelques jours aux étraves de BRIT AIR…



BRIT AIR s’est retrouvé couché… :
« J’ai eu un souci cette nuit (tôt ce matin en heure française) : j’ai tapé avec le safran sous le vent qui sous le choc s’est relevé… Je ne sais pas ce que j’ai heurté. Je ne pense pas que ce soit un growler car on est assez nord ici, l’eau est à 10°, ce serait assez bizarre d’avoir des morceaux de glace à cet endroit. J’étais à la bannette. Je n’ai pas senti un gros choc mais il y a eu un petit « plomb » et ça a suffit pour que le safran se relève. Dans 35 nœuds de vent au portant, le départ à l’abattée était inévitable ! BRIT AIR s’est retrouvé couché, la quille, les ballasts, le matossage sous le vent … Je ne vous fais pas un dessin. A 90°, on se retrouve à faire l’acrobate pour remettre le bateau déjà à l’endroit et puis après pour le remettre dans le sens de la marche ! Ca prend un peu de temps. En plus j’étais emmêlé avec les écoutes, c’était la totale ! Mais bon, le principal, c’est qu’à priori il n’y a rien de cassé. J’ai fait le tour plusieurs fois mais je vais attendre que le jour se lève pour en être tout à fait sûr ! »


Un vrac comme jamais encore à bord de BRIT AIR… :
« J’ai fait un vrac, comme jamais encore à bord de BRIT AIR ! La tête de mât était dans l’eau ! C’est le plus gros mais paradoxalement pas dans les pires conditions de mer que nous avons connu. On a eu bien pire que ça. Là on avait entre 30 et 35 nœuds de vent, du « médium » ici, des vents normaux… Ça m’a bien pris ¾ d’heure entre le moment du choc et le moment où je me suis retrouvé sous la même amure à peu près à une vitesse correcte. C’était vraiment un peu galère mais bon ça fait parti du jeu. On a des safrans relevables justement pour éviter que ça casse quand on percute quelque chose en mer mais l’inconvénient c’est que quand ça arrive au portant avec du vent et de la mer, ça ne pardonne pas. Si on n’est pas près de la barre, c’est le vrac assuré ! »


Plus que quelques jours avant le Cap Horn… :
« J’ai passé la dernière porte cette nuit vers 3H00 TU. Maintenant route vers le Cap Horn que je devrais passer dans la nuit du 6 au 7 janvier. Là on est à l’avant d’un front. On a 30-35 nœuds de vent de nord-ouest qui va basculer ouest / sud-ouest. Pour l’instant, la mer est plutôt correcte, elle s’est organisée dans le bon sens. C’est plutôt agréable, ça glisse bien. Je suis à 15 nœuds, 17 dans les surfs. Ca devrait se compliquer un peu par la suite. C’est toujours pareil : derrière le front le vent bascule rapidement mais pas la mer… Quand il faut donc empanner, on se retrouve travers à la mer ! Pendant quelques heures, ça ne va pas être facile, pas agréable. Dans ces conditions, chacun positionne le curseur comme il le sent. Soit on décide d’attaquer et ça tape, ça cogne et on prend des risques… Soit on met moins de toile et on attend que la mer s’organise, quitte à perdre un peu de terrain mais préserver le matériel en priorité. »

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