jeudi 8 janvier 2009

Armel Le Cleac'h, sauveteur, cap-hornier et bizuth heureux

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Le skipper de Brit Air a franchi, hier, pour la première fois le cap Horn.

Bizuth sur le Vendée Globe, le Morlaisien, qui a activement participé au sauvetage de Jean Le Cam, a vécu une fin de Grand Sud riche en émotions. Armel Le Cleac'h se retrouve propulsé dans le trio de tête, en pleine contradiction de sentiments.

Armel, qu'avez-vous ressenti en franchissant le cap Horn ?

Depuis presque deux mois qu'on est partis, je n'avais pas encore vu la terre, alors vous imaginez que cela se passe ici ! C'est génial. J'en ai profité un maximum, le vent s'est calmé, j'ai renvoyé la grand-voile haute ce que je n'avais pas fait depuis longtemps. Le cap Horn, c'est un super-moment, et beaucoup d'émotions. Je suis passé de jour, à ras des cailloux, à moins d'1,5 mille de la côte, j'ai tiré un petit bord à la côte sous un ciel à grains qui m'a offert des lumières extraordinaires, magiques, mais juste après, les deux albatros qui me suivaient depuis un moment m'ont quitté. Et puis, être là marque le passage d'une étape, un vrai soulagement aussi car ça faisait un moment qu'on se faisait secouer.

Vous parlez d'émotions, vous n'en avez pas manqué ces dernières 36 heures avec le sauvetage de Jean Le Cam...

Ah, ça ! On m'aurait prédit une telle fin de Grand Sud, un tel scénario, que je n'y aurais pas cru. Tout s'est enchaîné de telle manière, entre le moment où on a appris le chavirage de Jean, notre approche avec Vincent, les relais à tourner autour de VM Matériaux chacun à son tour pour être prêts à bondir si besoin, le sauvetage, la course mise entre parenthèses... Je suis passé par tous les états, et cela se conclut par une belle joie. J'ai été très heureux lorsque j'ai vu Jean en combinaison de survie à bord de PRB. On s'est parlé tous les trois à la VHF, c'était un petit moment de communion après des heures difficiles et intenses. Ce genre d'accumulation d'événements n'arrive pas tous les jours.

Et vous avez repris votre route.

Je les ai accompagnés un moment, le temps de voir que tout allait bien, et on s'est séparés. Ça me fait tout bizarre de me retrouver sans Vincent à proximité. Je suis triste d'avoir perdu mon collègue de travail. Depuis le départ, on naviguait de concert, avec jamais plus de 100 milles entre nous, et on se téléphonait souvent. Maintenant, devant ils sont loin, derrière l'écart est important, je fais donc faire ma route tout seul.

Au bout du compte, vous vous retrouvez 3e, pas mal pour un bizuth !

(Rire) Oui, mais je profite du malheur des autres. J'aurais bien aimé qu'on soit cinq aujourd'hui à se bagarrer pour le podium.
Source : O. C., Ouest-France

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