vendredi 13 février 2009

Lettre au Chacal...

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Il est où ?

Ca y est. Il est parti. Vache ! Une larme. On est tous avec toi. T’es vraiment balaise.

Bon alors, le site Vendée-Globe, à placer en favori… Comment ça marche ? Ok. Cartographie… C’est bon… On peut le suivre. Vas-y Mémel !



Au fil des semaines… le quotidien de ceux qui sont à terre.

Il est six heures du mat. Je suis dans le pâté. Douche, p’tit café… C’est bon, j’ai le temps de consulter la course avant d’aller au boulot. Nickel ! Pour l’instant tout va bien.

Bon, la journée est finie. Je rentre au chaud. Je me prépare un p’tit thé et une p’tite clope.
Où il est maintenant ? Qu’est-ce qui s’est passé pendant la journée ?
Direct à l’ordi. Cartographie du site. Putain, il assure grave. On est avec toi.

Au rythme de la course

Putain, il est bien, là. Dans le groupe de tête, nickel.
Ah, les infos. Bon. Ils vont parler du Vendée ? Le classement ? Armel Le Cléac’h troisième. Yesss ! Il la garde sa place. Pécab bien. Bon, ils commencent à me saouler sur France Inter à écorcher son nom. Non mais sans blague. Je vais leur envoyer un mail, ça va pas traîner.

Bonjour,
Je viens d’écouter votre flash info et votre compte-rendu
du Vendée-Globe. Par respect pour lui, pourriez-vous
prononcer correctement son nom ? Je parle d’Armel Le Cléac’h.
Faites comme si son nom s’écrivait Le Cléache et non pas Le Cléack.
Merci d’avance pour lui.

Non mais sans blague ! Un peu de respect et de professionnalisme !


Décembre

Vache ! Ca caille dehors. Températures négatives, neige, verglas… J’en ai marre ! Et mon mari me dit avec raison. « Ouaip, ben pense à Memel et là où il est. Pour nous, tout va bien. » C’est clair. Pardon Mémel. T’es en train d’en chier, de te battre contre les éléments, contre l’angoisse de l’inconnu à affronter, et moi, je pense à mon petit confort.

Ca y est, t’es dans le sud. On pense à toi. Ca a l’air d’être dur. On peut le voir car ton rythme ralentit.
« Qu’est-ce qui se passe ? Tu crois qu’il a des problèmes ? »
« Ben, tu vois, il y a des creux de 10 mètres, un vent de folie, des icebergs, il fait froid, et par là-bas, la mer est indomptable. Il ménage la machine.»

Yann Eliès et Jean Le Cam. Punaise ! Ca pue ! Les boules. Pourvu que tout se passe bien. Maintenant, Mémel est tout seul. Vincent Riou, le compagnon de route du début, n’est plus là.
Bon, j’ai un peu de temps. Facebook. Les copains sont trop forts. Pierre a créé un groupe. Celui de ceux qui sont pour que Mémel gagne le vendée-Globe. On est tous au taquet. Dès qu’un événement survient et surtout dès que Mémel accomplit une avancée, on est au courant.

Desjoyaux ! Il fait chier ce con ! Mais en quoi il est fait c’t homme-là ? Il a remonté tout le monde ! Il pourrait ralentir un peu ! Non mais sans blague ! Et oui, je l’avoue. Secrètement… j’me disais qu’il aurait des p’tits soucis. Honte sur moi !

Deuxième

Mémel est deuxième. C’est fou ! Cartographie du site. Les prévisions du vent. Oh punaise. Pas ça, en fin de course. Le pauvre. Il va en chier.

Arrivée prévue dans la nuit du jeudi et du vendredi. Ca y est, il arrive. Dingue.
Je peux pas aller là-bas. Boulot de chiotte. Je peux même pas prendre une journée. Mon mari, comme un dingue, il faut que je me libère. Ca va être chaud ! Coup de fil de Pete. L’arrivée est prévue plutôt vers vendredi soir ou samedi matin. Yesss !
La logistique est mise en place. Pete a assuré comme une bête : on a une place sur le bateau d’accueil Brit’air. Dingue !

Mémel, toujours en train de se battre en mer et nous… nous… la meumeu nous est tombé dessus. Tous en liesse ! Les retrouvailles pour un événement de folie. Lomig et Bruno sont là aussi. De la folie !

The journée

8h30. Tout le monde sur le ponton. Aurélie est aussi épuisée que soulagée et heureuse. On monte tous sur le bateau. Ambiance, ambiance. Bon, il est où ? Je ne le vois pas. Ca y est ! Vite, vite ! La banderolle Klunk ! Franky l’avait tenue tout contre lui depuis le départ. On l’installe.

Un moment se passe… on approche de son bateau… Ca y est il nous voit !

Le temps est suspendu. Le spectacle sous nos yeux est incomparable. L’image que tu nous offre est extra-ordinaire et restera gravée dans nos mémoires à jamais.

Tu nous fais face. Tu lèves les bras. Nos voix se libèrent. Nos larmes coulent. Communion des émotions… joie, fierté, admiration… Nos cris sont pour toi. Plus clairs que tous les mots qu’on pourrait te dire.

Tu n’as pas encore croisé la ligne d’arrivée. Aurélie monte à bord. Bouffée d’amour qui vient envahir ton cœur et combler le manque éprouvé durant toutes ces semaines. Elle se conjugue au bonheur de retrouver tes frères. Nous… on pleure. On ne parle plus. Il n’y a plus personne qui parle à bord. C’est le silence. Nous sommes assommés par ton exploit. Nos gorges sont serrées.

Tu avances tranquillement vers la ligne. Le signal retentit. Ouaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaih !
Hourra ! Tu l’as fait ! Ca y’est ! Tu es arrivé entier, tu as fait le tour du Monde et en plus… tu es deuxième. T’es un sacré champion !

Christelle Abollivier

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